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L'expérience internationale : un atout majeur selon un directeur académique

 

 

 

 

Entretien avec Didier Van Peteghem, aujourd’hui responsable du parcours Art, Management & Creativity de la Licence Internationale d’Economie et de Gestion de l'Université Catholique de Lille.

 

Dans un monde de plus en plus connecté, l'expérience internationale vécue devient un critère davantage valorisé par les universités. Nous avons interrogé Didier Van Peteghem, responsable du parcours Art, Management & Creativity de la Licence Internationale d’Economie et de Gestion de l'Université Catholique de Lille. Il nous aide à comprendre comment ces séjours à l'étranger transforment les étudiants et pourquoi ils constituent un véritable atout dans leur parcours académique.

Pourquoi privilégiez-vous les candidats ayant une expérience internationale ?

Quand vous vivez une expérience à l'international, votre personnalité est transformée et enrichie et des compétences professionnelles précieuses sont acquises, au-delà de la simple maîtrise d’une langue. 

 

Sur le plan personnel, partir à l'étranger vous permet de « grandir en humanité ». C'est d'abord sortir du cocon familial, couper le cordon ; ce qui n'est jamais simple mais c’est ce qui vous fait mûrir. Lors d'une immersion longue, vous êtes dans un véritable terrain d'aventure et de découverte. Cela ouvre l’esprit, pousse à la curiosité, met à mal les certitudes et contraint à la flexibilité. Et vos inquiétudes sont même vaincues !

Quels sont les avantages des séjours longs ?

Un séjour long permet de vous immerger dans une culture différente. Ce qu'un court séjour ne donne pas vraiment. Vous n'avez pas réellement le temps de vivre la culture du pays qui vous accueille. 

Cette expérience modifie votre regard sur le monde et sur vous-même. Vous prenez confiance en vous, vous vous ouvrez aux autres et vous développez votre sociabilité. De plus, je remarque souvent que les étudiants, à leur retour, ont tendance à davantage prendre du recul et à mieux relativiser les évènements de la vie.  Ils s'aperçoivent même de la chance qu’ils ont de vivre en France ! Une immersion pendant un an est un accélérateur de maturité impressionnant et salvateur …

Les séjours courts ont-ils aussi de la valeur ?

Oui bien sûr, mais différemment. Un séjour court montre votre envie de goûter à l'international. Cela vous prédispose ensuite pour un séjour long. De plus, dans la grande majorité des cas, un séjour même d’un semestre, se traduit par de bien meilleures notes en langues et une motivation accrue. L'étudiant revient conscient de l'importance qu’il y a à apprivoiser les langues.

Les séjours courts n’ont peut-être pas le même impact qu'une immersion totale d'un an, mais cela démontre votre volonté de renforcer vos compétences linguistiques.

Qu’est-ce qui distingue des autres étudiants, selon vous, ceux ayant étudié à l’étranger ?

Quand je reçois les candidats pour ma Licence internationale, je regarde systématiquement s'ils ont effectué un séjour à l'étranger. La différence notable s’observe du côté de la maturité, comme je le précisais précédemment. Le fait de partir une année à l'étranger fait grandir incontestablement.  D'ailleurs, je conseille souvent aux lycéens qui hésitent à prendre une année de césure à l’étranger après le bac : « Si vous le pouvez, allez-y, foncez ! Vous ne perdrez pas un an. Votre dossier sera simplement rendu meilleur l’année prochaine ! »

Quels avantages ces expériences apportent-elles concrètement au niveau professionnel ?

Ces séjours permettent aux jeunes d'acquérir des compétences professionnelles essentielles, qui vont bien au-delà de la seule maîtrise d’une langue supplémentaire. Cela démontre votre capacité à vous débrouiller seul, à vous adapter à un environnement nouveau, à faire preuve d’écoute et de sociabilité, à dépasser vos appréhensions et à surmonter les difficultés. Aller vers les autres avec la barrière de la langue, n’est vraiment pas simple …

 

Dans le monde de l’entreprise, prendre des risques, sortir de sa zone de confort, entreprendre sont des compétences recherchées. Vous avez entrepris quelque chose qui n'est ni commun, ni facile.

Cela vous invite aussi à penser autrement, « out of the box » comme on dit à Londres !

Vous avez de nouvelles idées et un regard différent sur le monde. Et c’est bien ce qui fait avancer l’humanité, n’est-ce pas ?

Comment savez-vous si un candidat a vraiment tiré profit de son expérience ?

D’une façon toute simple et directe. Je lui pose ma question préférée qui est : « Quel profit avez-vous retiré de votre année à l'étranger ? »

La réponse la plus courante est : « J'ai dû me débrouiller, j'ai dû m'adapter. Je me suis même surpris moi-même ! » Les étudiants ont donc bien conscience de cette transformation même s'ils l'expriment parfois maladroitement. Partir à l’étranger vous transforme une vie !

Vos conseils pour construire un parcours international réussi ?

J’ai trois conseils qui me viennent à l’esprit :

  • Soyez curieux - C'est une qualité fondamentale quel que soit le parcours que vous choisirez. Et l'apprentissage des langues permet justement de nourrir et de développer votre curiosité.
  • Pensez « international » - Le monde d'aujourd'hui, avec ses défis environnementaux et économiques ne peut trouver de réponses qu'à une échelle mondiale. De plus, vivre l'international nous fait cheminer vers la paix.  « Quand on connaît mieux les autres, on ne leur fait pas la guerre ».
  • Faites les choses avec passion - Allez jusqu'au bout de vos passions, même si cela demande des efforts, du travail et du temps. Bien sûr, quand on commence le violon, au début c'est très compliqué, voire pénible et frustrant. Puis on progresse et on finit par sortir un bon son. C’est pareil pour une expérience à l’étranger.

Un message pour les parents hésitants ?

Nous sommes aujourd'hui dans une époque où l'expérience et le vécu revêtent une importance plus grande qu’hier. Une césure à l’international, si elle est bien préparée, est de plus en plus valorisée dans le monde universitaire et de l’entreprise. Elle est devenue presque naturelle.

Je pense qu'il est plus facile en 2025 pour des parents d'accepter que leur enfant prenne une pause d'un an dans leur cursus scolaire, que ça ne l'était dans les années 2000. Ce que l’enfant va découvrir et apprendre va largement compenser le « coupé » apparent dans le fil des études.

Pouvez-vous nous présenter votre licence internationale et plus particulièrement le parcours Art, Management & Creativity, que vous dirigez ?

La philosophie de notre licence pourrait se résumer finalement en deux citations.

 

La première vient du poète espagnol Juan Ràmon Jimenez : « Qui apprend une nouvelle langue acquiert une nouvelle âme ». Derrière cette « nouvelle âme », j'entends l'ouverture au monde et aux autres.

 

La seconde citation vient d'Einstein : « La créativité, c'est l'intelligence qui s'amuse. » Nos étudiants développent une veine artistique et créative, qui est d’ailleurs particulièrement prisée dans les pays anglo-saxons, et qui pourrait demain nous prémunir contre la dépendance à une intelligence qui « ferait tout à notre place ». En effet, face à l'arrivée de l'IA, nos jeunes doivent devenir des acteurs de leur vie et de leurs études. L’esprit « maker », engagé, bâtisseur, créatif, décalé et humain est une réponse au défi lancé par l’IA. Quelque part, il faut engager sa pleine humanité et son intelligence pour ne pas devenir dépendant d’une rationalité froide.  

 

Enfin, plus prosaïquement, cette licence a pour vocation à être un tremplin et une ouverture vers une grande diversité de Masters en France et de par le monde. A nos yeux, vous l’aurez compris, la diversité est d’abord une richesse. L’autre, l’inconnu me construit.